Un nouvel essor: l'Eglise Saint Louis en 1990

Non loin de la préfecture entre la Haute et la Basse Ville existait une "chapelle anglaise". Celle-ci avait été bâtie en 1889 dans la rue des Vieillards (actuelle rue Félix Adam) par les Anglicans en villégiature à Boulogne sur les fondations des caves des Minimes dont le couvent avait été détruit en 1798 dans le cadre de la vente des biens nationaux. L'hôtel qui le remplaça se nommait "L'Ancien Poste". Ces Anglicans se rattachaient au mouvement d'Oxford animé par le Cardinal Newman (1801-1890). Ce dernier s'était converti au catholicisme après l'échec du ralliement de l'Eglise Anglicane à Rome. Il avait restauré le Culte Eucharistique et celui des saints. Il en résultait que l'Eglise était consacrée à St Peter and St John. Ceci étant concrétisé par une gigantesque fresque au fond de l'édifice.

 

 

L'édifice est de style néo-gothique. Le plafond en forme de nef retournée de vaisseau est en bois ; ceci dans le pur style anglais. Mais en 1952, les Anglais ont complètement déserté la Côte d'Opale pour se tourner vers la Côte d'Azur. L'Eglise est alors rachetée par un voisin qui la transforme en garage. L'Eglise subira des dommages irréparables. En effet, la base de toutes les colonnes est plus ou moins arrachée. Les vapeurs de gasoil ont rongé la fresque du chœur. Le toit fuit de tous côtés.

 

 

Le garagiste meurt 1989 et sa veuve souhaite vendre. Or l'édifice est frappé d'alignement. La boulangerie contiguë a déjà été détruite et transformée en un petit jardin public. La mairie souhaite exercer son droit de préemption pour la détruire comme elle l'a déjà fait d'une dizaine d'autres chapelles dans la ville (notamment celles des collèges nationalisés, établissements hospitaliers, chapelles anglaises, couvents désaffectés).

 


Or en 1989 la Municipalité change de tendance. Et dans le désordre relatif qui s'installe lors de tout changement de pouvoir, la mairie oublie de faire valoir son droit de préemption.

 

 

En 1988, Monseigneur Lefebvre sentant vraisemblablement ses forces décliner consacre quatre évêques pour continuer son œuvre. L'un d'entre eux du nom de Bernard Fellay est trésorier de la Fraternité Saint Pie X. Il viendra avec le supérieur du district de France, l'abbé Aulagnier. Il décide de racheter l'édifice et de faire effectuer une partie des travaux indispensables. À charge pour les paroissiens futurs de rembourser les prêts et de compléter les travaux.

 

 

La chapelle est bénie par l'Abbé Boivin lors de la première messe qui s'y déroule fin septembre 1989. Mais il faut désormais faire vite car est prévue une consécration solennelle. Laquelle interviendra le 19 mai 1990. Saint Peter and John Church se nomme désormais Saint Louis en souvenir de la chapelle de l'hôpital du même nom construit en partie par Louis XIV. Lequel hôpital vient d'être rasé. La chapelle anglaise est désormais une église catholique.

 

 

Riche en symboles, la longue cérémonie dite de Dédicace est certainement la plus belle de tout le rituel catholique. Elle dure près de six heures. Elle est précédée d'une adoration des reliques durant toute une nuit. Laquelle se passa dans la salle de réception de Maître Febvay. Puis les reliques sont portées en procession dans la ville et serties dans l'autel. Ce qui fut fait par Monseigneur Bernard Fellay. Le "bouquet final" de ce temps fort de spiritualité est l'embrasement de l'autel. Les cinq croix gravées dans la pierre sont saupoudrées d'encens et il y est mis le feu. La signification en est l'embrasement du monde par la Foi grâce aux cinq plaies du Christ.

 

 

L'église sera désormais prise en charge par les prêtres de la Fraternité Saint Pie X. Mais malheureusement ceux-ci "tournent" très vite compte tenu des immenses besoins des fidèles et de développement considérable. Mais indiscutablement l'histoire de cette église fut profondément marquée par un prêtre très discret du nom de Paul Ricquier. Lequel rassemblera les brebis dispersées dans divers lieux de culte plus ou moins sauvages, voire retournées à l'Eglise conciliaire. D'une grande humilité, il sut toutefois organiser des kermesses, des processions dans la ville et assurer la fin des travaux. Ce sera notamment l'aménagement d'un logement pour le prêtre au-dessus de la sacristie. La création d'un portail qui pour les besoins avait été transformé jadis en porte de garage. La possibilité d'accéder au sous-sol par un bel escalier. L'installation d'un superbe calvaire en bois du XVIIe siècle. L'inauguration d'une cloche avec Monseigneur de Galaretta. Un paroissien généreux avait offert un orgue à tuyau de cinq jeux et l'autel principal. Une association est créée et présidée par le Dr. Jean-Pierre Dickès. Elle est l'interlocutrice représentative des fidèles vis-à-vis des autorités.

 

 

Mais les successeurs de l'abbé Ricquier ne furent pas de reste et chacun marqua sa présence par de multiples améliorations. Achat de magnifiques bancs, d'un beau confessionnal, installation des bancs de communion, de l'autel latéral dédié à Saint Louis, l'autre étant dédié à Notre Dame de Lourdes. La façade fut entièrement restaurée. L'actuel desservant, un prêtre du nom de Maignant réussit en quelques semaines à rassembler l'argent nécessaire pour aménager une très belle salle de réunion et de catéchisme dans les caves du XVe siècle. Un organiste de niveau international assure les cérémonies avec passion et talent.

 

 

Dénoncée violemment comme "intégristes" par quelques feuilles gauchistes et aussi par clergé local, la petite communauté trouva assez vite sa place dans le paysage boulonnais. Et ce malgré les fulminations de l'évêque d'Arras dont dépend Boulogne.

 

 

Le 27 septembre 1990, Monseigneur Lefebvre viendra à Boulogne sur mer dans le cadre d'un voyage entrepris au sein de ses fondations. Bien sûr l'Eglise était pleine pour l'accueillir et boire ses paroles. Il rendit sa belle âme à son créateur exactement sept mois plus tard. Une bonne soixantaine de paroissiens venus de Boulogne et de la chapelle de Hames-Boucres se rendirent à ses funérailles. Les cœurs étaient serrés mais résolus.

 

 

Il y a désormais dans le Boulonnais une église vivante qui assure la liturgie traditionnelle avec notamment une messe chantée en grégorien.
L'Eglise Saint Louis était désormais une pierre solide dans la reconstruction de cette cathédrale effondrée qu'était l'Eglise.



24/01/2008
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